Les chauves-souris : les connaître, les étudier, les protéger

Une diversité méconnue

Les chauves-souris ou chiroptères, sont un ordre de la classe des mammifères, les seuls mammifères pratiquant le vol actif. Dénombrant près de 1300 espèces à travers le monde, c’est le deuxième ordre le plus important chez les mammifères après celui des rongeurs. En Europe on dénombre 42 espèces dont 35 présentes en France. Le terme chiroptère « qui vole avec ses mains » est dérivé du grec kheir- la main et ptéron – l’aile. Ces animaux sont actifs la nuit et se déplacent notamment grâce à l’écholocalisation, un sixième sens fortement développé chez les Microchiroptères. L’écholocalisation est un système radar très élaboré que l’on retrouve chez d’autres mammifères comme les dauphins ou les orques, voire même certains êtres humains, et qui a inspiré le sonar. Ce système permet de « voir avec ses oreilles » ce qui est très pratique pour se déplacer dans l’obscurité, bien que les chauves-souris ne soient pas aveugles pour autant.

Toutes les chauves-souris d’Europe sont insectivores mais il existe d’autres régimes alimentaires sur les autres continents. Certaines sont frugivores, nectarivores, carnivores, piscivores, et même hématophages pour trois espèces d’Amérique centrale et du sud.

Deux sous-groupes se distinguent :

  • les Mégachiroptères (chauves-souris allant jusqu’à 1,80 m d’envergure) composés par environ 170 espèces comme la Roussette de Madagascar (Rousettus madagascariensis) ou encore la Roussette noire (Pteropus niger) de retour à La Réunion après avoir disparu, aussi appelée renard volant. Le groupe des Mégachiroptères se retrouvent dans le monde entier hors Europe.
  • Le second sous-groupe est celui des Microchiroptères composés par plus de 800 espèces comme les murins, les oreillards, les rhinolophes ou encore les noctules par exemple. Ces espèces de petite taille sont présentes dans le monde entier sauf aux pôles. Le poids varie entre 5 grammes pour la plus petite espèce européenne la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) et 35 grammes pour une des plus imposantes le Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), et l’envergure varie d’une vingtaine de centimètres à plus de quarante centimètres.

 

Pourquoi faut-il les protéger ?

Ce sont des animaux très sensibles dont la reproduction est lente, un seul jeune par an et par femelle, de plus de nombreux jeunes vont mourir avant leur premier anniversaire. Les chauves-souris sont victimes de nombreuses menaces comme la destruction de leurs habitats, les pesticides, le trafic routier, l’éclairage public, les éoliennes et bien d’autres choses. Il est donc important, au même titre que pour le reste de la biodiversité, d’apprendre à concilier les activités humaines avec celles des chiroptères et de préserver ces animaux en danger. Toutes les espèces de chauves-souris sont protégées en France et en Europe, ainsi lors de la mise en place d’un projet comme un parc éolien, une centrale photovoltaïque, une autoroute ou autres infrastructures, l’étude d’impact doit mettre en évidence si le site est utilisé et dans quelles proportions, par les chauves-souris. Ainsi le projet sera validé ou non avec des mesures afin d’éviter, réduire, voire compenser les impacts du projet.

Eco-Stratégie à l’écoute des chiroptères

Ces animaux sont difficiles à étudier mais grâce à de nombreux progrès technologiques durant les dernières décennies, la connaissance s’est grandement améliorée et il est possible de les étudier grâce aux ultrasons qu’elles émettent durant les déplacements nocturnes et l’utilisation de l’écholocalisation. Chaque espèce utilise une gamme de hautes fréquences (kHz) et un type de signal particulier, ce qui nous permet de les identifier et même de les « entendre chasser ». Pour pouvoir étudier ces ultrasons, nous installons des micros connectés à des enregistreurs durant la nuit, puis nous traitons ces sons par informatique pour identifier les espèces captées lors de la soirée d’enregistrement. Il est ensuite possible de définir les enjeux liés aux chiroptères sur la zone d’étude.